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TRAVAUX DE RÉALISATION DU FORAGE 
L'association a fait appel à l'entreprise FORAMAT  —> site internet de l'entreprise (présente aussi au Sénégal) qui a l'expérience et l'expertise nécessaires en matière d'hydraulique villageoise, de sondages et d'adduction d'eau en Afrique de l'Ouest.

En janvier 2014, le directeur technique de l'entreprise est allé sur place pour évaluer la faisabilité d'un forage à IWOL.
Après cette évaluation, FORAMAT a accepté la réalisation des travaux de forage, sous condition préalable de la création d'une piste d'accès au village car tous les axes existants étaient tous impraticables autrement qu'à pied.

La piste a donc été ouverte en janvier 2014.   [ —> (re)voir page "Création piste"]

Quant aux travaux de réalisation du forage, 
ils ont débuté le 24 mai 2014, en présence d’un groupe de représentants de l’association « De l’eau pour Iwol ».
Le mardi 3 juin 2014, au bout de onze jours, l’eau jaillit à Iwol.

Ces onze jours auront été saturés par une succession et une accumulation à peine croyables d’aléas et impondérables qui auraient dû en faire renoncer plus d’un….
Mais c’était sans compter sur la volonté à toute épreuve, la pugnacité et la détermination sans faille de toute l’équipe technique de FORAMAT en charge de la mission : Emmanuel, Vincent, Aziz, Thomas, Jacques, Ousmane et tout le reste de l’équipe.

Nous les remercions vivement car sans leur engagement, sans leur travail acharné et sans leur résistance dans un contexte difficile et des conditions extrêmes, rien n’aurait été possible !


Contre toute attente, le plus long et le plus dur dans cette aventure n’aura pas été de trouver de l’eau à 85 mètres de profondeur (dont 80 mètres de granit….). Non !
Le plus long et le plus dur aura été de convoyer la foreuse –un « camion-machine » d’environ 30 tonnes– jusqu’à Iwol….

En effet, le début de la saison des pluies (en avance d’un mois) a endommagé l’état de la piste au moment même où les travaux devaient commencer.
Cela a considérablement entravé et ralenti les opérations de tractage du matériel de forage.
La seule ascension des 3 kms de piste jusqu’à Iwol aura duré sept jours….. au lieu d’une seule journée….

Voici deux courts extraits de la vidéo des opérations de réalisation du forage, suivis d’un fil chronologique relatant le déroulement de la mission.


La vidéo
dans son
intégralité
est à voir ici

SAMEDI 24 MAI 2014 / DIMANCHE 25 MAI 2014

Arrivée de l’équipe de FORAMAT et début du convoyage.
La chaleur en cette période de l’année est écrasante (entre 40° et 45°), et le taux d’humidité dans l’air est très élevé.
Les pluies d’orages ont tellement rendu boueux certains passages de la piste qu’elle en devient par endroit impraticable.
En l’occurrence, la foreuse ne peut pas avancer seule : elle doit impérativement être tractée par un bull.
Dimanche, le convoi s’enlise et, durant une manœuvre, le bull endommage l’avant de la foreuse : radiateur, refroidisseur et turbo touchés, foreuse H.S. Le convoi ne peut plus avancer…
Le bull jette l’éponge et abandonne les lieux, laissant la foreuse en panne sur la piste.
Emmanuel (le directeur technique de FORAMAT) part alors à Bamako au Mali (à près de 1 000 kms de piste) pour faire ressouder le turbo et essayer de trouver les pièces nécessaires à la réparation.


LUNDI 26 MAI 2014

Emmanuel réussit à trouver toutes les pièces à Bamako. Il reprend la « route » en sens inverse pour revenir en bas d’Iwol.
S’il n’avait pas trouvé ce qu’il fallait au Mali, il serait parti au Ghana (5 jours de voyage)…..

MARDI 27 MAI 2014

Emmanuel est sur le chemin du retour.
Il reste à trouver un nouveau bull pour pouvoir tracter la foreuse…

MERCREDI 28 MAI 2014

Emmanuel est revenu avec les pièces et ses ouvriers.
Après plusieurs heures de réparations sous un soleil de plomb, la foreuse est remise en état de marche. Il ne manque plus que le bull.
Un deuxième bull a d’abord été trouvé mais il n’a pas de chauffeur.
Ensuite un troisième bull est trouvé, mais celui-là est en panne.
Enfin, un quatrième bull a pu être mobilisé dans la région, avec un porte-char pour le conduire jusqu’en bas d’Iwol le lendemain matin.


JEUDI 29 MAI 2014

Le bull est « livré » par le porte-char en fin de matinée. Le temps pour le bull de rejoindre la foreuse sur la piste, de l’arrimer, et le convoyage peut reprendre.
Après deux heures d’ascension, le convoi arrive sur une nouvelle zone boueuse. Le bull et le camion-foreuse s’enlisent. Le parechoc de tractage de la foreuse cède et est arraché….
Le convoi n’a pas encore fait la moitié des 3 kms de l’ascension. Sans compter qu’il reste encore aussi à gravir deux tronçons où la pente est à plus de 25%...
L’équipe technique redescend et part à Kédougou, à une vingtaine de kms de piste de là, à la recherche d’un poste à souder pour réparer.
Pendant ce temps, le bull tente d’arranger la piste.
En fin de journée, l’équipe est de retour de Kédougou avec le poste à souder.
Durant la nuit, une barre de tractage est soudée sur l’avant de la foreuse.


VENDREDI 30 MAI 2014

A 9h30, le tractage du convoi de l’extrême reprend.
Les deux pentes à plus de 15%, dont l’une complètement embourbée, sont franchies : un exploit en soi.

Vers 11h30, ils sont à environ 500 mètres du village. Mais il faut encore déblayer des rochers qui entravent la piste. Les villageois descendent pour aider à dégager le passage.

Le bull développe une telle puissance de traction, et il fait tellement chaud, que le moteur chauffe dangereusement tel une cocotte-minute… Il est impératif de tout stopper pour le faire refroidir et éviter l’explosion. Sans compter la boîte de vitesse qui baigne dans une huile "en ébullition" et qu'il faut aussi faire refroidir sinon le bull ne peut plus passer la première...
Afin de remplir le radiateur, une chaîne humaine s’organise pour transporter de l’eau depuis un puits situé à environ un kilomètre de là. Le bull consomme plus d’eau que de gasoil. 

A 16h30, le convoi approche de l’entrée d’Iwol… Mais le bull a pris une mauvaise direction et le camion-foreuse est planté !
Du coup, tout le terrassement à l’entrée du village doit être refait pour que le convoi puisse manœuvrer en sens inverse et changer de trajectoire pour le dernier tronçon de l’ascension.

A 17h45, reprise du tractage mais nouveau problème : la piste est trop étroite sur les cinq derniers mètres…. et c’est en côte. Le convoi ne peut pas passer ! Le bull doit élargir la piste…

A 18h15, la foreuse est enfin arrivée sur place : liesse générale !!! Grand moment d’émotions, un mélange de rires et de larmes.

Il aura fallu près de 7 heures pour parcourir les 500 derniers mètres…

Après l’immense soulagement et la joie d’avoir relevé ce premier défi de taille, l’équipe technique ne se relâche pas. Elle s’affaire à installer tout le chantier et dans la foulée débute le forage dès le début de la soirée.
A 23h30, le marteau de la foreuse se bloque dans la roche à 4 mètres de profondeur. Les opérations doivent être suspendues faute de suffisamment de lumière pour pouvoir intervenir efficacement.


SAMEDI 31 MAI 2014

Au matin, un coq est sacrifié au pied de la machine : les entrailles sont blanches, ce qui est de bon augure…. Ce type de sacrifice s’appelle le « chiada ». Il est destiné à éloigner le diable.

Des jeunes du village sont mobilisés pour tenter de récupérer le taillant et le porte-taillant bloqués. Ils creusent manuellement.

A 9h45, la foreuse est déplacée de quelques mètres. Un autre marteau –bricolé– est réamorcé pour entamer un nouveau forage à côté…

A 14h10, après quatre strates, une couche de granit est atteinte à 5 mètres de profondeur.

A 15h50, les 8 mètres sont atteints. Mais le granit est trop dur, et la capacité de forage du marteau n’est plus suffisante. Il faut changer l’embout du marteau.

Emmanuel commande donc à Dakar (à quelques 1 000 kms de là) du matériel plus puissant :
- un marteau (de près de 120 kg) qui fore à 4,5 mètres à l’heure, contre 2 m/h pour celui en action.
- un taillant (pesant 35 kg) qui s’installe sur ledit marteau et qui permet de forer par grattage grâce à des « dents » en tungstène.

En attendant, le forage continue malgré tout, jusqu’à ce que la foreuse tombe en panne d’essence en fin de journée. Les réserves de gasoil ont été consommées lors des travaux supplémentaires du bull.

Deux 4x4 de l’équipe technique partent chercher du carburant à Kédougou.
A leur retour en soirée, le 4x4 transportant la cargaison de fûts métalliques remplis de gasoil, crève sur la piste en remontant à Iwol… Le second 4x4 repart alors faire réparer le pneu crevé.

Dans le même temps, un violent orage éclate et s’abat sur le village.

Lorsque le second 4x4 revient de la réparation, la piste est devenue impraticable.

Impossible de monter à Iwol…. Ils passeront la nuit bloqués là.

DIMANCHE 1er JUIN 2014

Le marteau et le taillant sont arrivés à Kédougou. Il reste à tout livrer jusqu’à Iwol. Mais ce ne sera pas une mince affaire… Car il a délugé pendant la nuit : violent orage de 23h30 à 1h30, puis de la pluie en continu jusqu’à 5h du matin. La piste est détrempée et reste impraticable…. Plus aucun véhicule ne peut ni monter ni descendre. Et le ciel reste menaçant.

Les 400 litres de gasoil doivent être transportés jusqu’au village petit à petit, à dos d’homme.
Toute l’équipe, et des jeunes du village autour de Jean-Baptiste, s’organisent pour ces corvées.
Les fûts de gasoil doivent être siphonnés pour être transférés dans des bidons plus facilement transportables à pied.
Il faudra trois allers-retours pour tout monter…

En milieu d’après-midi, le nouveau matériel est annoncé quelque part en bas de la piste. Mais étant donné le contexte, il est toujours impossible de le monter en véhicule. Tout doit donc être transporté à pied. Et comme le marteau est beaucoup trop lourd, il est démonté en pièces détachées….
Une fois tout parvenu à Iwol, l’équipe technique « reconstruit » le marteau, l’installe avec son taillant sur la foreuse et relance le forage à 18h30.

A 23h, de l’eau sort du trou du forage depuis une profondeur de 36 mètres. Mais la joie n’aura été que de courte durée car le débit mesuré à 600 litres/heure est très insuffisant. Il faut donc continuer à forer.
L’équipe, à bout de force, a creusé de nuit jusqu’à 2h30 et a atteint les 50 mètres, mais rien d’autre n’est sorti….

LUNDI 2 JUIN 2014

Emmanuel décide de forer jusqu’à 70 mètres, et si ça reste sec, il envisage alors de faire un nouveau forage un peu plus loin…

Il faut à nouveau convoyer du carburant depuis Kédougou.
Dans l’après-midi, pendant que les 400 litres de gasoil sont montés à pied à dos d’homme, les porteurs sont attaqués par un essaim d’abeilles. Ils sont contraints de tout abandonner sur place et de fuir se mettre à l’abri.

Le convoyage du gasoil ne pourra être effectué que pendant la nuit….


MARDI 3 JUIN 2014

Au petit matin, le forage reprend. Ils en sont à 58 mètres.

A 11h, c’est ENFIN la délivrance !!!!! En atteignant les 85 mètres de profondeur, l’eau jaillit…
Le débit mesuré s’élève à 1 m3/heure à ce moment-là, ce qui est suffisant cette fois.

L’équipe de FORAMAT n’aura JAMAIS baissé les bras…


EPILOGUE

Durant les jours suivants, l’équipe de forage a finalisé les opérations avec l’analyse physico-chimique de l’eau
puis l’installation de la pompe manuelle.

Le niveau statique s’est stabilisé à 36 mètres pour un débit final de 1,2 m3/h.

Afin de pérenniser le projet, l’association « De l’eau pour Iwol » a conclu un accord pour que la maintenance de cette pompe
soit assurée par le Ministère de l’Hydraulique représenté par M. Serigne DIA à Dakar et par M. FALL à Kédougou.

L’équipe technique de FORAMAT a finalement réussi à redescendre sa foreuse malgré l’état de la piste.

Les Dames d’Iwol ont désormais accès à l’eau au cœur de leur village…
[ —> cliquer ici pour ouvrir la page (avec photos et vidéos) qui y est consacrée. ]  

MISSION ACCOMPLIE

 

« Mengué mande Iwol »………… « De l’eau pour Iwol » en langue bédik…………………….